Le boulodrome médiéval
Avec les règles du confinement, nous avons été nombreux à pratiquer des activités sportives chez nous, à la recherche du moindre coin de balcon, ou de salon pour faire notre gymnastique.
En faisant mes « courses essentielles », je suis passé près de la cathédrale et je me suis souvenu d’une pratique sportive inattendue à cet endroit.
Au 13ème siècle, quelques jours après la Saint Vital, vers le 1er mai, le clergé allait chercher au « Bois l’évêque » des branchages pour décorer les autels de la cathédrale.
Les habitants d’Evreux prirent peu à peu l’habitude de se joindre aux chapelains, clercs, et chanoines sur le chemin.
Au fil des ans, ce qui aurait dû rester une procession toute empreinte de religiosité, prit l’allure d’une sorte de cortège festif. A tel point que certains ébroïciens se mirent même à y prendre part en se déguisant. A cette occasion, le vin d’Evreux commença à couler à flots pour désaltérer nos pieux participants. Offusqués par de telles pratiques, certaines personnes surnommèrent cette procession « la fête des saouls-diacres ».
Mais qui aurait pu se douter que nos clercs et chanoines étaient aussi de vrais sportifs. Rentrés à la cathédrale, sans doute un peu éméchés, ils profitaient de ce temps libre pour se distraire en jouant aux boules. C’est alors qu’ils eurent l’idée de transformer pour l’occasion, les terrasses des chapelles latérales de la nef en boulodrome. Ils pouvaient alors, tout en restant dans l’enceinte du lieu saint, pratiquer en toute quiétude leur sport favori, qui parfois se terminait par de véritables empoignades.
On imagine aujourd’hui la réaction des amoureux du patrimoine si les toitures des chapelles de la cathédrale étaient redevenues des boulodromes.