La Saint Nicolas à Evreux
Une foire de près de 1 000 ans !
Créée en 1160 par Simon de Monfort, Comte d’Évreux, au niveau de l’actuel couvent des Carmélites de Gravigny, au profit de la maladrerie, la foire Saint-Nicolas était initialement un marché aux bestiaux, sur lequel étaient vendus chevaux, bovins et porcins mais aussi arbres et arbustes fruitiers.
En 1792, la foire fut transférée place Saint-Léger (actuelle place Dupont-de-l’Eure), avant de rejoindre le pré du Bel-Ébat en 1833. Son succès était tel, qu’en 1883, la mairie demanda à la Compagnie des chemins de fer de vendre des billets aller-retour à prix réduits, voire d’affréter un train spécial desservant les principales gares du département.
En 1888, les forains étaient déjà présents, tenant des stands de tirs, des manèges de chevaux de bois, un théâtre. On pouvait même se faire « tirer le portrait ». C’est à partir de 1907 que les marchands d’habits firent leur apparition.
A la fin du XIXe siècle, les forains étaient placés rue Joséphine, jusqu’à la place Saint-Taurin, et rue Grande (actuelle rue du Docteur-Oursel) ; les arbres et arbustes se situaient place Saint-Taurin ; les chevaux occupaient l’avenue de Cambolle et la rue Joséphine, de la place Saint-Taurin au pré du Bel-Ébat. Quant aux ânes, porcs, fourrages et pommes à cidre, ils étaient installés dans le coin nord du pré du Bel-Ébat. On retrouve cette disposition jusqu’en 1954. L’exposition d’engins et de matériel agricole est autorisée au début des années 50.
Une présence Cardinale
Imaginez qu’une garnison complète de gendarmes débarque la veille de Noël dans votre ville. C’est ce qu’ont vécu les ébroïciens le 24 décembre 1637. Sans crier gare, la compagnie de gendarmes du cardinal Richelieu, alors commandée par le marquis Malo de Coëtquen, s’installe dans la capitale de l’Eure. Elle y restera six mois, non sans laisser quelques dettes à la population. L’histoire raconte en effet qu’à la veille de quitter les lieux, la garnison aurait copieusement vécu pendant trois jours aux frais des habitants, qui avaient alors refusé de donner à la garnison l’argent qu’elle demandait. J-P Raux – Société Libre de l’Eure
Cinéma & patinoire
Il y a exactement plus d’un siècle, la commune proposait déjà un tel équipement à ses habitants. En 1913, un « skating-ring » était installé en ville du 23 au 28 décembre. De plus, un arbre de Noël gigantesque, paré de cadeaux et de gâteaux, était également présent. Des babioles que les personnes ayant fréquenté la patinoire pouvaient remporter grâce à une tombola. Le premier lot était alors une « succulente » dinde truffée. Cette année-là également, le cinéma Victor-Hugo projetait, le 25 décembre, un film de circonstance : La Naissance de Jésus, mais uniquement à l’issue des Vêpres. J-P Raux – Société Libre de l’Eure
Les enfants jouent à la guerre
Décembre 1918, les combats de la Première Guerre mondiale ont cessé mais le conflit a laissé des stigmates à Evreux comme ailleurs. Les restrictions sont encore « nécessaires et les « réjouissances publiques », toujours interdites par le gouvernement. Cafés et restaurants sont contraints de fermer leurs portes à 21h 30. Pour réveillonner en cette veille de Noël, les habitants ont tout de même le loisir de se retrouver en famille « et de manger le boudin blanc traditionnel après la messe de minuit, d’autant que sont levées, pendant les semaines de Noël et du jour de l’An, les restrictions sur la viande de porc, relate dans son édition du 28 décembre 1918 le Journal d’Evreux. Si les commerces « ont retrouvé leurs étalages resplendissants, les délicieux chocolats pralinés ou à la crème, les exquis marrons glacés qui faisaient venir l’eau à bouche ne sont plus qu’un lointain souvenir ». Les enfants, eux, ont cependant eu droit à leur Noël. Le Journal d’Evreux énumère ces jouets qui « ne manquent pas : canons, tanks, avions, soldats de plomb… » Alors que les adultes ont cessé de se battre, les enfants, eux, jouent à la guerre.
Cette année-là, Noël se célèbre au théâtre avec une représentation, le mercredi 25 décembre, du chef-d’œuvre a de Jean Richepin : « Le Flibustier », une comédie lyrique en trois actes mise en scène par l’impresario Bercot. « Le Flibustier » était précédé d’une comédie en un acte, « Rival pour rire », de l’acteur et auteur dramatique français Ernest Grenet·Dancourt. Afin de fêter la Victoire, des chants devaient résonner pendant l’intermède. Jean-Pierre Raux – Société Libre de l’Eure
Les Belges fêtent Noël en 1917
Décembre 1917, la Grande Guerre fait rage. La capitale de l’Eure accueille nombre de Belges ayant fui leur pays alors envahi. Prés de 250 belges, hommes, femmes et enfants, résideraient alors à Evreux.
Si le cœur n’est pas forcément à la fête, le 24 décembre 1917, la communauté décide de fêter Noël à l’occasion d’une « petite fête intime, dans le hall de I ‘Hôtel Moderne, situé rue Chartraine. Le Journal de l’époque décrit avec force détails le décor d’alors : « Au fonds de la salle flamboyait un superbe arbre de Noël aux branches duquel avaient été suspendus des jouets pour les enfants dont on imagine la joie ».
Musique et chants rythment cette fête où apparait également un Ebroïcien, Joseph Alleaume, mutilé de guerre travaillant à la Caisse d’épargne.
Prestidigitateur ébroïcien
L’homme possède un « gentil talent de prestidigitateur qui amusa beaucoup les enfants par ses tours de « physique » qu’il termina par l’apparition des drapeaux des nations alliées. L’hymne national français, La Marseillaise, et l’hymne national belge, La Brabançonne, ont été repris en cœur pour clôturer cette matinée. Jean-Pierre Raux – Société Libre de l’Eure