La bûche de Noël, une tradition de Normandie
Il est des traditions qui ne se perdent pas, mais qui se transforment tellement qu’on en oublie l’origine. Tel est le cas de la traditionnelle bûche de Noël, chère aux Normands d’autrefois. La bûche de Noël réunissait autrefois tous les habitants de la maison, tous les hôtes du logis, parents et domestiques, autour du foyer familial. La bénédiction de la bûche était la bénédiction du feu, au moment où les rigueurs de la saison le rendent plus utile que jamais. Cet usage existait surtout dans les pays du Nord : c’était le Licht des anciens Germains, le feu de Yule des forêts druidiques, auquel les premiers chrétiens ont substitué la fête de sainte Luce (Lucie vient du latin lux, la lumière), le 13 décembre. Voici en quels termes l’historien Marchangy (1782-1826) parle de cette coutume en Normandie : « Le père de famille, accompagné de ses fils et de ses serviteurs, va à l’endroit du logis où, l’année précédente, à la même époque, ils avaient mis en réserve les restes de la bûche de Noël. Ils rapportent solennellement ces tisons qui, dans leur temps, avaient jeté de si belles flammes à rencontre des faces réjouies des convives.
L’aïeul les pose dans ce foyer et tout le monde se met à genou en récitant le Pater. Deux forts valets de ferme apportent lentement la bûche nouvelle. À l’instant où l’on y met le feu, les petits enfants vont prier dans un coin de l’appartement, afin, leur dit-on, que la souche leur fasse des présents, et, tandis qu’ils prient, on met à chaque bout de cette souche des paquets d’épices, de dragées et de fruits confits ». Il arrivait aussi que les pauvres gens qui ne pouvaient se procurer des bûches convenables pour la veillée de Noël, se les fassent donner. « Beaucoup de religieux et de paysans, écrit Léopold Bellisle, recevaient pour leurs feux des fêtes de Noël un arbre ou une grosse bûche nommée tréfouet ». Le tréfeu, ou tréfouet, que l’on retrouve sous le même nom en Normandie, en Lorraine, en Bourgogne et en Berry, c’est cette grosse bûche qui devait durer pendant les trois jours de fêtes. De là vient son nom : tréfeu, les trois feux. Pour un Noël… tout feu tout flamme ! Image du titre : « Un rêve de Noël », George Hitchcock. Image de droite : « Paysage hivernal au clair de lune », Remi van Haanen
Le trou Normand
Le trou normand une tradition qui prend ses racines en Normandie il y a 400 ans de cela. On raconte que boire cette eau-de-vie en plein milieu d’un repas, facilite la digestion, car il est parfois bien difficile d’arriver au bout d’un repas de fêtes.
La tradition veut que le maître de maison invite ses convives à se lever en plein milieu du repas pour lever leur verre rempli d’un alcool, généralement le Calvados, de le humer et ensuite le boire cul-sec, les plus audacieux pourront fredonner l’hymne du Trou Normand, qui fût composé en 1989 par Jacques Bauny :
« Ami lève ton verre
car voici le moment
d’un trait et sans manière
de faire le Trou Normand »
Mais bien plus qu’un intermède gastronomique, le trou normand a trouvé sa place dans l’organisation d’un repas. Le véritable trou normand est tout simplement un petit verre de calvados, mais dans sa version actuelle, le petit verre de liqueur s’accompagne d’un sorbet.
*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé – à consommer avec modération
Les Aguignettes
En Normandie, décembre est synonyme de friandises et de douceurs. Ces petits gâteaux typiquement normands, en pâte feuilletée, fourrés aux amandes ou aux pommes, dorés et croustillants, outre le fait de perpétuer une tradition remontant à des temps immémoriaux, font chaque année le bonheur des petits et des grands, durant toute la quinzaine qui couvre la période de Noël et du Nouvel An. Si les aguignettes étaient jadis exclusivement réalisées en pâte feuilletée, elles s’accommodent le plus souvent de nos jours d’une garniture à base de pommes ou de poudre d’amandes.