A l’occasion de la sortie de « les barock aventures d’une âme mutine sur les chemins de St jacques de Compostelle » aux éditions Globophile et de sa présence au Salon du Livre de Gibert Joseph le 18 décembre 2022, nous avons rencontré Pierre.
Pierre, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour, j’ai 18 253 jours, bélier ascendant taureau, sensible, chaleureux, soupe au lait mais drôle, poète voyageur, musicien, comédien et désormais auteur….
Tu es d’Evreux, les gens d’ici pourraient ils te connaitre (en dehors de ce livre) ?
Oui, je suis aussi photographe de portrait et de mariage sous le nom –Pierre de Saint-Loup– et dans ce cadre, je rencontre beaucoup de familles, de commerçants et de jeunes mariés de notre belle ville.
Tu nous délivres ici une lecture originale de ton pèlerinage sur les Chemins de St Jacques. Pourquoi t’es tu lancé dans cette aventure ?
L’envie de sortir de ma zone de confort, de briser mes routines, ne pas mourir de mon vivant ! Me reconnecter avec mon corps, mon souffle, ma joie, mon énergie vitale.
Partir, marcher pour me resynchroniser, être LIBRE.
J’avais 40 ans, je venais de perdre mon travail, ma copine était retournée avec son ex… Le moment rêvé pour explorer un vieux fantasme : me dépouiller de tous mes biens, garder le minimum dans un sac à dos en plus d’une carte bleue, partir à pied parcourir le monde. Mon voyage commença par St Jacques mais j’ai parcouru 15 000 kilomètres ensuite dans nombre de pays sur une période d’un an et demi.
Quel est ton meilleur souvenir de cette expérience ?
En écrire le récit… Parce qu’il permet d’élever ma joie au carré en la revivant, la partageant. Les mots bien agencés ont ce formidable pouvoir, rematérialiser des sentiments, des paysages, des sensations… J’aimerais tant inspirer à mes lecteurs l’audace au départ.
Défi : pourrais-tu réécrire l’intro de ton livre en parlant d’Evreux ?
Il est 2 h du matin. Du haut du dernier étage de cet incroyable appartement, mon regard ne quitte pas les toits. Plus un bruit. Plus de lumière en dehors du halo de cette demie lune, du sommet de la Mairie, du Beffroi. Il y a aussi cette douce lumière légèrement orangée à cette fenêtre en contrebas. Une menue silhouette dessine sur une table inclinée. Je connais cet homme, il est poète. Faiseur d’histoires. Nuit après nuit il travaille, penché, à sa bande dessinée.
Demain je pars écrire la mienne…Sa suite… Par le premier train je pars pour St Jacques.
Demain, je quitte ma ville. Au départ de la place Sepmanville, je saluerai l’homme en bleu, longeant l’Iton je me ferai promesse de revenir jouer un spectacle en si beau théâtre… D’un détour j’irai allumer un cierge à la cathédrale. Une petite attention, une lueur pour tous les gens que j’aime, vivants ou emportés. Je traverserai le jardin public, le nez plein du parfum de ces grands arbres, le cœur en fête, cognant déjà de toute cette joie au départ ou serait-ce de cette petite côte ?
Au revoir ma famille, mes amis…C’est de vous que ma vie est si belle.
À bientôt.
C’est aujourd’hui que je pars !
As-tu des bons tuyaux rando-balades autour d’Evreux ?
Mon tuyau c’est de partir de là où l’on est. Mon tuyau c’est de se perdre, d’abandonner balises, cartes et repères, de ne pas sous-estimer le charme des villes, de ne pas craindre la marche de nuit, de beaucoup boire, de marcher seul. Mon tuyau c’est de chercher partout aventures, d’avoir toujours bons mots pour la nature… Mon tuyau c’est de se remettre en marche.
« C’est l’errance qui oriente. » Titouan Lamazou
Ton mot de la fin
Le monde est peuplé de gentillesse et de bons cœurs.
Dans ce contexte anxiogène où partout on ne souligne que le pire des hommes, je veux témoigner ici de l’extraordinaire bonté de mes semblables. Partout, j’ai reçu un accueil chaleureux et souriant. Je veux rappeler que le plus grand péril est de ne pas prendre de risque, de cultiver la peur, la peur de l’autre, de la différence…
Le pire péril est de gâcher son énergie vitale, de ne pas consolider sa confiance en soi, son amour propre. Le pire péril est de perdre le goût du mouvement, la joie de la découverte, de la rencontre… de l’espoir !
Crédit photo Portrait : ©Guillaume Sire