Cette année, on te promène dans Evreux… Au fil d’histoires d’amour et d’amoureux. Allez, viens on t’emmène !
L’allée des Soupirs
[…] A propos de soupirs, précisément, rejoignons l’allée du même nom, cette allée qui occupe l’emplacement d’un ancien fossé de la ville et dans laquelle, sans doute, tant d’amoureux sont venus s’échanger les serments les plus fous… […]
Cinq courtes haltes sur l’esplanade et dans l’allée des soupirs.
Première halte : où l’on distinguerait deux amoureux qui pourraient ressembler à Manon l’Escaut et au chevalier des Grieux.
-Elle, c’est Manon l’Escaut, lui, c’est le chevalier des Grieux… Ces personnages appelés à vivre une tragique histoire d’amour ont été inventés par l’abbé Prévost… Un prêtre qui a longtemps exercé son sacerdoce à la Cathédrale d’Evreux…Manon l’Escaut, oui… l’émouvante héroïne des opéras de Massenet et de Puccini…
Deuxième halte devant deux autres amoureux qui ne sont autres que Mme Roland et François Buzot.
Ah, voilà une autre Manon ! Oui, et elle s’appelle Manon Phlipon, celle-là, et elle à épousé Roland de la Plâtrière, un des ministres de l’Intérieur de la Révolution. On la connaît d’ailleurs sous le nom de Mme Roland. Mais elle n’aime plus son vieux mari depuis qu’elle est tombée sous le charme d’un avocat devenu député d’Evreux et membre de la Convention. Il s’appelle François Buzot, son amant de cœur. Mais bon, Les histoires d’amour finissent mal, en général, comme dit la chanson…
-Tout particulièrement celle-ci puisque Manon, Roland et Buzot connaîtront une mort tragique… C’est le moins qu’on puisse en dire : condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire, Manon, la belle Mme Roland, montera sur l’échafaud en novembre de 1793. C’est elle qui, au moment d’être guillotinée a lancé ce mot devenu historique : « Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » Oui… Et en apprenant la terrible nouvelle, son mari se suicidera en se plantant sa canne épée dans le ventre. On retrouvera son cadavre dans la forêt de Radepont, à Bourg-Beaudouin, à quelques lieues d’ici.
Et François Buzot ? Accablé de douleurs et fuyant la guillotine, il se suicidera, lui aussi. On retrouvera sa pauvre dépouille à demie dévorée par les bêtes sauvages, dans un champ de St Emilion… chez les Girondins qu’il aimait tant.
Troisième halte devant un couple figurant Bonaparte et Joséphine.
Bonaparte et Joséphine de Beauharnais ! Bonaparte n’était encore que premier consul et il était follement amoureux de Joséphine, quand il a passé une nuit à Evreux, en octobre de 1802 ? Oui… La nuit du 29 au 30 octobre… et le 30 au matin, il visitait les manufactures de Navarre… et le fameux château du même nom… « Que pensez-vous de ce château ? » demanda-t-il alors à Joséphine. « Je ne l’aime pas », lui répondit-elle. La pauvre ! Et si elle avait su que huit ans plus tard elle y serait exilée…
Quatrième halte pour un quatrième couple d’amoureux figurant Victor Hugo et Juliette Drouet.
On les a souvent rencontrés à Evreux ces deux amoureux qui ne sont autres que Victor Hugo et Juliette Drouet…Ah, la belle Juliette ! La fidèle maîtresse de ce géant de la littérature ! Ils sont souvent venus à Evreux, c’est vrai… en juillet de 1834, en septembre de 1837, en octobre de 1846, aussi… Ils ont même logé à l’Hôtel du Grand Cerf, dans la chambre portant le N° 16. Hugo s’est alors émerveillé devant la cathédrale et Saint-Taurin, « deux merveilles » dira-t-il.
[…]
Cinquième arrêt devant un couple figurant Wallis Simpson et Edouard VIII.
Quand on songe que ce roi d’Angleterre, Edouard VIII, a abdiqué pour pouvoir épouser une femme divorcée ! Voilà une belle preuve d’amour ! « Mon amie, vivre avec toi seule, c’est bien mieux que posséder couronne, sceptre ou trône« , avait confié le roi à Miss Wallis Simpson. C’est en décembre de 1936 que, ayant quitté l’Angleterre pour se rendre à Cannes, Miss Simpson fit une halte à Evreux, à l’hôtel du Grand Cerf, comme le cher Victor Hugo. On la retrouve, à Evreux, toujours, et dans le même hôtel, en septembre de 1940. Entre temps les amoureux se sont mariés ? Oui, ils sont devenus duc et duchesse de Windsor et ils regagnent l’Angleterre. Edouard veut servir son pays, car on le sait, c’est la guerre. Ils ont donc traversé Evreux qui n’était plus qu’un champ de ruines, depuis les bombardements de juin précédent ? Hélas, oui ! Mais le théâtre, Dieu merci, avait été épargné. Tout comme il le sera lors de la deuxième attaque aérienne, en juin 1944.
Extrait visite théâtralisée 2004 « SI EVREUX NOUS ETAIT CONTEE » –
Michel de Decker
Victor Hugo et Juliette Drouet – escapade amoureuse à l’Hôtel du Grand Cerf
Vers le mois de juillet 1834 débute la liaison de Victor Hugo & Juliette Drouet, énormément endettée. Les deux amants harcelés par les créanciers espèrent par un voyage à Rouen leur échapper quelques jours. Les documents sont muets sur la présence de Juliette mais les biographes n’en doutent pas. Le 24 juillet, changement d’itinéraire, partis de Louviers à 5h du soir les amants gagnent Evreux en voiture où ils descendent à l’hôtel du Grand Cerf, chambre 16.
Le séjour est particulièrement onéreux : diner, coucher, déjeuner et pourboire pour 14 francs 20… Le 25 juillet, probablement de l’hôtel, Victor Hugo écrira à sa femme en lui expliquant son changement d’itinéraire, puis il visite la Cathédrale et St Taurin. (Calepins intimes de Victor Hugo)
Extraits de Connaissances de l’Eure N°92 – Avril 1994 – Cahier sur l’Hôtel du Grand Cerf
Le temple de l’Amour
Quel joli nom qui sonne tout doux aux oreilles des amoureux ! Le temple de l’Amour ou temple de Vénus était situé dans le parc du Domaine de Joséphine à Navarre.
Les jardins de Navarre pourraient avoir été dessinés par André Le Nôtre – 1613/1700 – mais on ne sait pas exactement qui a édifié les différents monuments qui le composent (le banc tournant, le pavillon d’Hébé, le rocher, la volière, et bien sûr, le fameux temple de l’Amour en ruine). Certaines sources mentionnent Jean François Gille Colson – 1733/1803.
Le « Temple de l’Amour petite construction circulaire simulant une ruine antique abritait un confortable salon éclairé par des vitraux bleus de forme concave encastrés dans huit colonnes cannelées »*. C’était un lieu où Joséphine aimait se reposer.
Ce temple présentait un marbre sculpté sur son fronton. Et ce marbre… est aujourd’hui conservé au Musée d’Art, Histoire et Archéologie ! C’est d’ailleurs la seule partie provenant de ce temple de l’Amour qui a survécu.
Merci à Philippe Masson des Archives Municipales et Marjolaine David, documentaliste au Musée
*Le château de Navarre Résidence des ducs de Bouillon, comtes d’Évreux Exil de l’impératrice Joséphine par Ivan CLOUAS, Directeur des Archives de l’Eure, Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de l’Eure
A noter prochainement l’exposition « Il était une fois le château de Navarre » : du 13 mai (Nuit des musées) au 17 septembre 2023 (JEP) au Musée d’Art, Histoire et Archéologie à Evreux.
Avez-vous déjà entendu parler du château de Navarre ? De ses fabuleux jardins et de son gigantesque domaine forestier où les comtes d’Évreux organisaient parties de chasse et réceptions mémorables ? Savez-vous que le roi Louis XV et l’Impératrice Joséphine y ont séjourné ? Vendu et démantelé au 19e siècle, le domaine aujourd’hui a disparu…Mais la légende de Navarre, elle, demeure dans les mémoires. Quelles traces reste-t-il aujourd’hui du château et des jardins dans le paysage ébroïcien ? Quels vestiges ont survécu ? Autant de questions auxquelles l’exposition « Il était une fois le château de Navarre » vous apportera les réponses. Elle sera donc présentée à partir du 13 mai, lors de la Nuit des musées, jusqu’au 17 septembre 2023 au musée d’Art, Histoire et Archéologie d’Évreux.